En déplacement à Roubaix (Hauts-de-France) ce jeudi 5 avril, Muriel Pénicaud a annoncé que le Plan d’investissement dans les compétences financera 10 000 formations aux métiers du numérique d’ici fin 2019.
« Dans le numérique, on ne traîne pas sa valise d’échecs : un jeune décrocheur, un manutentionnaire ou une employée au chômage peuvent devenir codeur, éclairagiste LiFi, installateur domotique ou web rédactrice », a déclaré la ministre du Travail, Muriel Pénicaud lors de la présentation aujourd’hui dans les locaux d’OVH, l’hébergeur Internet installé à Roubaix, le volet numérique du plan d’investissement dans les compétences (Pic). Accompagnée par le secrétaire d’État chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi, et d’Estelle Sauvat, haut-commissaire à la transformation des compétences, elle a indiqué que 10 000 places de formation seraient financées dans ce cadre.
Manque de profils adaptés
Depuis ces dix dernières années, la demande des professionnels des technologies numériques a connu une croissance de 4 % par an. Pour autant, « 80 000 postes ne sont pas pourvus, faute de profils adaptés », a pointé Samia Ghozlane, directrice de la Grande école du numérique. Mounir Mahjoubi a rappelé qu’il y a « non seulement des personnes à former mais aussi des offres à faire connaître ». Ainsi, parmi les formations aux métiers du numérique, figurent les métiers de la maintenance des matériels, de l’exploitation et de la sécurité, du développement web, mais aussi d’autres métiers transformés par la numérisation de notre économie.
Priorité à l’inclusion
Les 10 000 formations seront déployées pour accélérer l’accès des jeunes et des demandeurs d’emploi « bac ou infra bac » vers les professions de ce secteur, en s’appuyant sur des dispositifs d’accompagnement vers l’emploi et d’insertion professionnelle. Jean Bassères, le directeur général de Pôle emploi, a redit que ce programme d’action comportait une dimension de préparation opérationnelle collective (POEC). Pour lui, deux questions se posent : comment persuader les entreprises qu’on peut donner leur chance à des personnes non qualifiées ? Comment convaincre les demandeurs d’emploi en les incitant à saisir des opportunités qu’ils ne connaissent pas toujours ? Le déploiement s’appuiera sur des entreprises volontaires.
Les entreprises mobilisées
Rassemblés à l’occasion d’une table ronde, de nombreux entrepreneurs ont été invités à montrer qu’elles étaient prêtes à jouer le jeu. Accenture, Capgemini, Econocom, Computacenter (CGI Conseil Intégration Sourcing) et Syntec Numérique se sont engagés à soutenir le plan en recrutant des stagiaires à l’issue de la formation. « L’aire digitale transforme nos métiers. Nous pensons que la compétence, l’adaptation et la formation peuvent faire des miracles. Nous pratiquons déjà cette recherche de profils atypiques », a détaillé Bruno Després, le directeur des ressources humaines d’IBM France, citant un chauffagiste récemment reconverti en développeur. Il s’est engagé à engager 400 collaborateurs dans les cinq ans à venir.
Pour Gilles Lecerf, responsable éducation & développement chez Linagora, éditeur de logiciels libres, « l’important est de proposer des formations immersives, au coeur des entreprises ». Grâce à ce plan, il prévoit de former 250 personnes d’ici 2020 via « l’open Hackademy ». Cette école Open source (code source ouvert), qui a démarré sa première session en janvier 2108, forme des spécialistes de l’administration système et réseaux web.